J’organise un atelier d’initiation à deux logiciels d’aide à l’analyse qualitative intitulée : « Le marqueur, le ciseau et le tube de colle version 2.0. Formation à deux logiciels d’aide à l’analyse qualitative : Atlas.ti et Sonal ». Cette session est organisée dans le cadre des Ateliers des pratiques numériques (APN), co-organisés par par les laboratoires lyonnais suivants : le Centre Max Weber (UMR 5283) / Environnement Ville Société (UMR 5600) / Triangle (UMR 5206), le LARHRA et HiSoMA. L’atelier aura lieu le 16 octobre 2015, de 14h à 18h, en salle R253, à l’ENS de Lyon (site Descartes).
Présentation de l’atelier
Derrière le vocable un peu bizarre de CAQDAS (computer-assisted qualitative data analysis software), existe toute une série de logiciels d’aide à l’analyse qualitative. Encore peu utilisés en France, ces outils peuvent s’avérer extrêmement utiles depuis le traitement des matériaux (la transcription des bandes son) jusqu’à leur analyse (via la création de catégories interprétatives qui peuvent se recouper) en passant par toute une série d’opérations (annotation, création de liens entre les documents, etc.) Cette formation vise moins à apprendre à utiliser tel ou tel logiciel qu’à donner une série d’informations pratiques et surtout de réflexions méthodologiques permettant à ceux qui seraient intéressés d’y voir plus clair avant de se lancer. La première partie de l’atelier sera consacrée à répondre à quelques grandes questions, suivant une réflexion problématique progressive :
- Est-ce qu’un CAQDAS est l’outil le plus adapté à la problématique qui est la mienne et au corpus que j’ai construit ? Les logiciels de statistique textuelle (analyse automatique) ou d’analyse par registre (analyse semi-automatique) ne seraient-ils pas plus adaptés ?
- Si c’est effectivement le cas, est-ce que cela vaut le coup ? La question ici n’est plus de savoir si cela me servirait mais de mesurer le rapport entre ce que ça peut m’apporter et ce que cela exige de moi. Les CAQDAS sont d’un usage relativement simple, ce d’autant plus qu’ils ont été conçus pour la plupart à partir des pratiques de travail des chercheurs qualitatives, voire par ces derniers eux-mêmes. Il y a néanmoins un coût d’entrée à la fois pratique pour l’apprentissage du logiciel et intellectuel pour penser son usage et se l’approprier.
Une fois ces deux grandes questions liminaires posées, une fois actée la décision de recourir à un CAQDAS, un nouveau problème se pose à l’apprenti-utilisateur : quel logiciel choisir ? Pourquoi celui-là plutôt qu’un autre ? Cette étape est malheureusement trop souvent impensée et le choix se fait le plus souvent selon l’opportunité qui se présente ou la facilité avec laquelle on peut se le procurer. Choisir untel plutôt qu’un autre n’est pas anodin. De là deux questions qu’il convient de se
poser :
- Quel est l’outil le plus adapté à mes moyens ? Moyens financiers dans la mesure où, parmi les CAQDAS, les logiciels propriétaires sont d’un coût à l’unité relativement élevé, en tout cas trop cher pour bon nombre de précaires. Moyens linguistiques également dans la mesure où, dans certains cas, le tutoriel comme l’interface ne sont pas disponibles en langue française.
- Quel est l’outil le plus adapté à mes besoins ? Les CAQDAS forment une grande famille parmi laquelle les logiciels ne font pas tout à fait la même chose, ne reposent pas tout à fait sur la même épistémologie embarquée. À cet égard, il convient de se prémunir contre la présentation commerciale de certains de ces outils qui, étant d’abord des produits à vendre sur un marché concurrentiel, prétendent tout faire et ne pas avoir de préférence méthodologique ou théorique.
Au terme de cette réflexion problématique, la deuxième partie de la formation visera à entrer cette fois dans l’utilisation de deux CAQDAS : Atlas.ti et Sonal. Il ne s’agira pas d’une formation technique pour apprendre à utiliser ces logiciels mais de se faire une idée plus précise de leurs fonctionnalités et de leur application à des questions de recherche. Non pas comment utiliser le logiciel mais comment je pourrais l’utiliser pour répondre à tel problème de terrain ? Sur la base d’exemples tirés d’enquêtes empiriques réalisées ou en cours, il s’agira de montrer l’usage respectif d’Atlas.ti et Sonal pour l’analyse qualitative d’entretiens, sous leur forme transcrite pour le premier,
à partir directement de l’enregistrement sonore pour le second, mais aussi les vertus qu’il y a à combiner dans une même enquête ces logiciels.
Atlas.ti permet de centraliser et de traiter toutes sortes de documents tapuscrits : des notes de terrains, des retranscriptions d’entretiens, des notes de lectures ou de séminaires, des éléments bibliographiques, des récits intermédiaires, des textes de communication, etc. Nous reviendrons sur quatre des vertus principales de ce logiciel dans leur traitement :
- coder les extraits de documents, c’est-à-dire leur attribuer des étiquettes liées à des
- catégories d’analyse
- permettre une gestion et une navigation facile et rapide entre les documents ;
- aider à la conceptualisation, à travers la création et la visualisation de liens et de
- regroupements entre les codes
- annoter ses hypothèses, idées, débuts d’interprétation de apssages à travers la création de mémos
Sur le plan du codage et de la navigation dans les résultats, Sonal s’apparente largement à ce que propose Atlas.ti, à deux exceptions près. D’une part, le travail de codage repose sur des « thématiques » et des « mots clés » et non sur des « codes ». On est donc plus dans une logique d’indexation thématique ou de chapitrage que dans une logique de codage à proprement parler.
D’autre part, la segmentation des matériaux est d’abord pensée pour s’opérer sur la bande sonore plutôt que sur le texte (même s’il est également possible de le faire sur le texte seul). On « découpe » la bande (ou le texte) en « extraits » qui, si on leur associe une thématique, sont représentés par des marqueurs colorés « collés » sur la bande. Un peu comme si l’on utilisait des feutres marqueurs directement sur la bande.